EXTIM est un espace théâtral en ligne,
un réseau social fictionnel dont les utilisateurs sont des personnages issus de pièces de Georges Feydeau et Lars Norén.
Après un atelier de jeu théâtral, chaque participant choisit un costume parmi les 8 personnages proposés.
Pendant 15 jours, les participants vont se filmer chez eux, en costume, et poster sur le réseau des vidéos de leur personnage, en utilisant uniquement le matériel proposé sur le site : répliques, actions, types de portraits, smileys associés à des répliques.
Un même personnage pourra être interprété par divers participants et apportera ainsi une nouvelle facette au personnage.
Les vidéos postées sur le réseau par les participants permettront de réaliser des montages vidéo aléatoires (mashups), qui seront autant de portraits des personnages. Ces mashups seront intégrés à une installation vidéo interactive qui constituera un second volet du projet.
Plus de 100 ans séparent
Norén de Feydeau, et pourtant les principes archaïques de survie au sein du groupe social n’ont pas changé. Le besoin fondamental de reconnaissance de tout individu, déclenche des comportements instinctifs de survie pouvant aller jusqu’à la destruction réelle ou symbolique de l’autre.
Le masque social est toujours un moyen pour accéder à la reconnaissance.
L’exposition de soi se répand sur les réseaux sociaux, devenus un théâtre de prédilection. Outils de promotion professionnelle autant que fenêtres grandes ouvertes sur nos vies privées, ils contribuent à rendre chaque jour plus floue la séparation entre l’intime et le social.
Nous parlons alors « d'extimité » : Mouvement consistant à rendre visible certains aspects de soi relevant de l’intimité, mise en représentation de l'intime.
Les pièces dites « de chambre » de Feydeau
et celles sur les névroses familiales et le couple de
Norén ont en commun la férocité des rapports homme / femme, l’humour et la cruauté, distillés dans les répliques autant que dans les situations. Le croisement de ces textes révèle le lien inextricable entre la mécanique de destruction de l’autre et l’accès à sa propre place dans le monde.
L’écriture de Norén comme celle de Feydeau cultivent la répétition au sein d'une même pièce, et même d'une pièce à l'autre. Ce sont des écritures de la névrose qui donnent à voir des personnages pris dans un système auquel ils ne peuvent se soustraire. Des écritures quasiment mathématiques, qui reposent sur une mécanique de l’attaque. La réussite de l’un a pour condition nécessaire l’anéantissement de l’autre.